vendredi 6 mars 2009

Je suis le monde

Mon beau garçon est dans sa phase d'oedipe. Il rêve qu'il est un adulte et qu'on se marie lui et moi et qu'on a des chats et des chiens et qu'on est tous des magiciens. Il vient de sortir de sa phase intense du pourquoi! Même si dans son cas, c'était le «comment ça»!
Moi, je me demande quand je vais revoir mon nouvel ami qui me plaît et j'ai des papillons. Je rêve d'un premier baiser, j'ai 31 ans et je suis toujours romantique. Je vis ma vie avec passion et engagement.
Cet engagement m'a mené à me porter à le défense des exclus plus d'une fois. Je me suis penchée sur des façons de réveiller le coeur endormi d'une majorité confortable. Je fais du cinéma, des documentaires. J'essaie de susciter des réflexions.
J'ai été invitée à la conférence de presse sur le 4e Festival des Films sur les Droits de la Personne de Montréal grâce à ma chronique à l'émission Les contes à rendre à CHOQ fm les jeudi à 18h30. Je trippais, ça m'intéresse beaucoup. J'ai eu l'honneur de parler avec André Paradis d'Amnistie Internationale et je lui ai demandé de m'envoyer des documents sur la perte des droits civiques et le retour de la torture depuis le 11 septembre. J'étais curieuse de savoir concrètement; pas juste dire gratuitement que Bush est un bandit.
J'ai lu tout ça, médusée, interdite. Que les États-Unis fournissent des armes illégales à Israël et en Palestine, que le Canada est impliqué. Que des documents d'enquête disparraissent, que la torture dont on s'est servie est illégale et contrevient aux droits de la personne contenus dans la déclaration et adoptée par les mêmes pays qui la violent aujourd'hui. Que l'impunité est un scandale. Que ceux qui souffrent concrètement des attaques terroristes sont les mêmes qui souffrent aussi des mesures anti-terroristes. Bush est un bandit, maintenant, je le sais. Et il est tranquillement en train de jouir de sa vie.
J'ai vu le film Philippines: une guerre contre le peuple de Marie Boti et Malcolm Guy et j'ai eu le bonheur de les rencontrer pour la radio. Là-bas, des gens pacifiquement regroupés sont assassinés en plein jour par le gouvernement, appuyé par les États-Unis.
J'ai beaucoup de peine. Je regarde ici, dans l'autobus, dans Hochelaga et je vois des couples dans lesquels l'homme intimide sa femme en public, lui dit où s'asseoir, ou regarder. Je me demande comment ça peut être en privé.
Je regarde le scandale de la Caisse de dépôt à la télé et je ne peux que constater avec quelle facilité on fait rire de soi. Je sais que la crise économique est un rideau opaque pour cacher des scandales dont on n'a pas idée. Je sais qu'il y a de la censure dans les médias. Je dirais que je suis de plus en plus convaincue que je veux consacrer le reste de ma vie à me battre (toutes les cause humanitaires sont bonnes) et apprendre à mon fils à vivre selon des valeurs humaines où le respect de l'être humain est à la base des décisions. le respect de la vie et de l'environnement qui nous donne cette vie.
Je ne veux pas tomber dans le piège de dire que je ne crois plus à la politique et tout simplement ne pas voter. Je veux agir concrètement contre le courant capitaliste, la mondialisation, la globalisation des marchés, la violation des droits de la personne, l'intimidation sous toutes ses formes, la haine, l'intolérance. Je me demande ce que je pourrais faire d'autre et continuer à espérer mon premier baiser, tranquillement. Élever mon fils dans une matrice d'illusions confortables quand tant de ses frères et soeurs n'ont pas le loisir d'avoir des préoccupations d'enfant.
Il y a le Festival des films sur les droits de la personne de Montréal du 12 au 22 mars (www.ffdpm.com) auquel je vous convie. Il faut ouvrir les yeux et ne plus jamais accepter la plus petite violation de nos droits.
Je vais tomber au chômage la semaine prochaine parce que j'ai choisi de développer mes projets personnels au lieu de servir le dieu profit pour d'autres. Et ma foi, j'ai des inquiétudes. Je me dis: est-ce que je vais pouvoir encore me payer Internet, la télé, le téléphone, mon loyer, l'épicerie pour un poussin en croissance fulgurante?
Puis, un fait m'a frappé: même au chômage cette année, je vais recevoir plus de revenu que plusieurs de mes frères et soeurs qui travaillent dans des conditions absurdes, parce que j'ai coordonné des demandes de clients insignifiants pour passer leur message de vente à la télévision, pour des milliers de dollars nous emplir les yeux et la tête de contenu affreusement insencé, de gadgets, de concepts, de conneries impossibles? Aie-je mérité de vivre dans une quiétude rare si on parle à l'échelle planétaire, à cause de cela? Certainement pas en m'abaissant à satisfaire les demandes exigeantes de mes collègues, en rampant devant leurs impératifs. Peut-être aie-je cette chance parce que je suis née au bon endroit. Alors comment pourrais-je me valoriser avec cette prémisse aussi vide qu'injuste?
Le confort est mon ennemi désormais parce qu'il nous tient dans l'innaction. Le confort est un scandale parce qu'il laisse mourir des enfants malades qui n'ont pas accès à des soins essentiels.
Ceux qui cherchent un sens à leur vie en accumulant des biens ne sont pas mes amis. Je ne suis plus tolérante envers l'inaction et l'aveuglement volontaire.
Changer le monde, c'est se changer soi, je suis le monde.

1 commentaire:

  1. humm... ça me fait justement penser à une personne que je connais. Particulièrement quand tu parle de ceux qui accumulent les biens matériels juste pour le plaisir de le faire. Je suis tout à fait d'accord. Ce n'est pas de posséder à tout prix qui nous rendra plus heureux au contraire. En faite, la personne que je connais fait ça surtout pour combler un manque sur le plan affectif, plutôt que de démontrer à son monde, par des petites attentions ou des marques d'affection, qu'elle les apprécie, elle serait plutôt portée à leur donner des biens matériels pour leur faire oublier sa façon d'être et son attitude négative. Elle essaie de se faire aimer en faisant ça, alors que, ce n'est pas comme ça qu'elle va s'attirer la sympathie des gens, au contraire. Au mieux, elle va attirer leur pitié, rien de plus. Toute une façon de se valoriser!

    De plus, je suis d'accord que ce n'est pas en chiâlant chacun dans son coin qu'on va arriver à changer le monde. Il faut se dire les vraies affaires, la vérité, aussi directe et crue qu'elle peut être, mais au moins, les gens savent à quoi s'en tenir. Je crois justement que le fait de ne pas être honnête est un manque de respect autant envers soi qu'envers l'humanité.

    RépondreSupprimer