jeudi 10 septembre 2009

C'est une histoire d'argent

Je suis certaine de peu de choses. Mais je crois fermement qu'il n'est pas possible que le sens de vivre soit vers une sécurité monstrueuse pour certains et une inquiétude permanente pour d'autres.
Je travaille pour fonder une entreprise d'économie sociale. On s'entend dire qu'il faut se débrouiller pour trouver des façons de devenir autonome. Les femmes, les artistes, devenez entrepreneures. C'est bien, vous deviendrez autonomes financièrement. Bravo.
Plus on observe les fonctionnements pour accéder à des subventions, que ce soit en tant qu'artiste ou en tant qu'entrepreneur, la base est toujours l'argent. Ne demande pas si tu en as besoin. Le besoin est un ami lépreux. Tu dois montrer ton autonomie avant d'obtenir quoi que ce soit.
Ce n'est pas un chemin vers l'autonomie, c'est un plus à ta réussite préalable. Il n'y a aucune instance gouvernementale qui fera la différence dans un projet. Elle viendra compléter un financement déjà solide. Le gouvernement ne prend aucun risque de développer une idée mais soutien celles qui fonctionnent déjà. Si tu es un artiste, tu dois avoir un rayonnement, terme hautement subjectif qui permet de laisser ceux qui n'ont pas les moyens pour se faire connaître de rester dans l'ombre. Et pour les entrepreneurs, tu dois avoir un investissement de départ.On comprend le principe, on est impuissant face à une machine que l'on continue de financer.
Mais le principe est simple autant qu'il n'est pas juste. Il favorise ceux qui sont déjà favorisés. Pour les défavorisés, c'est la survie seulement qui est tolérée. Le rêve américain dans toute sa splendeur. Les pauvres enrichissent les riches tout en continuant de croire qu'il y a des possibilités de s'en sortir.
C'est bien, tu peux faire des projets qui te permettent de subsister pendant trois ou quatre mois. Si tu as été sage et que tu as travaillé, tu as droit au chômage autant que n'importe qui. C'est parfait. Mais comment tu crois investir dans une entreprise avec moins que le seuil de pauvreté comme revenu?
Mais pour réponse, je ne reçois que des haussements d'épaule, des regards fuyants ou des moues désaprobatrices. Et pour cause! Quand tu n'as pas d'argent, tu es un quêteux. Peu importe tes compétences, ton talent, tes projets, tes réalisations.
Je vous entends vous dire, encore une communiste! Devrait-on entretenir tout le monde sous prétexte qu'ils ont du talent? Ne serait-ce pas un peu subjectif d'ailleurs?Bien sûr, ce n'est pas ce que je dis. Ce que je dis c'est que tellement tout est basé sur l'argent qu'il n'y a aucun autre moyen d'en faire que d'en avoir. Et pour en avoir, le meilleur chemin n'est pas toujours honnête. C'est les valeurs sur lesquelles reposent notre système. Même le gouvernement n'encourage que ceux qui réussissent. Tout est fait pour ceux qui ont de l'argent.
Alors, qu'on me dise en face que les pauvres c'est parce qu'ils veulent bien le rester et je frappe. Oui, c'est une menace. Jamais je n'ai cru mais j'ai essayé, parce que je me sentais terriblement rejetée, que la valeur d'une personne se calcule. Donc, même un sans talent mérite de manger. Comme le système oblige les artistes à réussisr un minimum financièrement dans la jungle sauvage du capitalisme, les oeuvres d'art perdent de la qualité. On ne fait pas de la recherche atristique en crevant de faim. Oui, on peut, d'accord. Mais pas avec des enfants à charge. Bon, même ça on peut. Mais une vie de misère, sacrifiée, parce que l'art est plus important que soi-même, pitié!
On n'accepte plus l'idée du génie, les grands écrivains sont morts, il n'y a plus de grands compositeurs, plus de poètes, alors pourquoi les artistes se sacrifieraient pour leur art? On travaille dans les restaurants, les bars, les bureaux et on travaille notre art le dimanche. Du coup, on ne se fait pas reconnaître en tant qu'artiste et les subventions ne sont pas accessibles. Ensuite, nos pairs se moquent de nous pour être sûrs d'être dans la bonne gang et ne pas subir l'exclusion eux aussi. Pas assez de rayonnement. Quand on n'a pas de quoi manger, la lueur du rayonnement peu baisser, effectivement.
Alors, quelle est la solution? Adopter le comportement prescrit: rentrer travailler dans une entreprise qui te sous-paye parce qu'ils ont le gros bout du bâton, t'en a besoin de cet argent et moi, j'ai pas besoin de toi. Ça fait la file dehors pour une maigre paye, pour éviter l'humiliation de la pauvreté. Parce que tout le monde sait bien que finalement, quand on est pauvre, c'est pas parce qu'on le veut bien.
C'est ça le plus beau pays du monde. C'est comme ça que tu apprends à tes enfants à vivre. À l'école, tu peux encore rêver, mais ce ne sera pas long que tu verras que ta personnalité, si elle n'entre pas dans l'unique chemin que tu peux prendre quand tu es petit, bonne chance!Je ne suis ni communiste ni capitaliste. Je suis anti-pouvoir. Le pouvoir signifie la perte de la dignité autant que les pauvres on leur enlève. Quand tu n'as pas quelque chose, ce n'est pas en le prenant à d'autres que tu le reçois. La guerre au pouvoir est déclarée. Pouvoir égale abus. Pouvoir égale meurtre.
La société a le devoir de prendre en charge réellement ceux qui n'entrent pas dans les standards. La collectivité a des devoirs et des responsabilités. Est-ce que les parents ne font pas vivre leurs enfants? Pourtant, ils ne rapportent rien directement que des soucis, des dépenses, des contraintes. Est-ce que leur amour justifie tout cet investissement? Il n'y a aucune garantie qu'ils deviendront rentables.
Je pense que l'évolution des droits de la personne est très légère mais je n'ai d'autre solution pour ma vie que de continuer d'avancer dans le sens que je crois bien pour l'humanité. Si cela fait de moi une folle, monoparentale, pauvre, rejetée par sa propre famille, et bien je serai monoparentale, pauvre, rejetée par ma propre famille mais digne, fière, et intègre. Oui, intègre le ventre vide vaut mieux qu'à genoux le ventre plein. Jamais je ne plierai. Jamais je ne ferai passer mes besoins physiques avant mes valeurs, pas dépassé une certaine mesure. Pas enrichir des tueurs, plus jamais enrichir des voleurs.

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