Je suis cinéphile. J'aime le cinéma depuis si longtemps que je ne saurais dire avec exactitude depuis quand. Je crois que l'amour a débuté lorsque nous projettions des films muets de Disney avec une machine incroyable qui nous permettais aussi de les faire jouer à l'envers, plus vite ou plus lentement. J'étais fascinée. Cette machine appartenait à mon frère aîné, mais m'a marquée profondément. J'ai réfléchi sur le montage et les effets spéciaux avant d'apprendre à lire.
Le réalisateur qui a le plus boulversé mon univers et conquis mon coeur est sans hésitation Lars Von Trier. Le plus grand génie du cinéma, pour moi c'est indéniable. Ses films sont tous percutants, provocateurs, profondément tristes, montrent avec une justesse désarmante l'absurdité de la douleur et la bêtise humaine, la cupidité, l'amour, l'abandon de soi, c'est extrêmement dur à écouter mais absolument essentiel une fois qu'on l'a vu.
Jamais je n'oserais m'opposer ou même remettre en question ses choix de sujets qui sont certainement aussi obscurs et sombres que la Polytechnique. Les artistes travaillent les sujets qui les inspirent.
L'angoisse de Lars Von Trier, et qu'il partage avec nous, ou qu'il nous garoche par la tête, est l'une des plus belle chose que le monde a reçu en cadeau. L'art est un exorciste, l'art est une thérapie, mais l'art est aussi de l'art.
Denis Villeneuve est l'un des 5 meilleurs réalisateurs québécois à ce jour et je ne comprends tout simplement pas pour quelles raisons on se permet de poser la question de la légitimité d'une oeuvre d'art. Au moins, si cette oeuvre était scandaleuse, d'accord. Mais elle traite du sujet avec la sensibilité d'un artiste qui a fait suffisamment de preuves pour qu'on respecte son choix de sujet.
Il n'y a rien qui effacera la douleur des gens qui ont vécu ce drame de près. Jamais on ne pourra expliquer ce qui est absurde. Ce qui n'a aucun sens, ce qui a la couleur du sang. Mais je suis indignée qu'on parle uniquement du sujet en accordant au film que «c'est bien fait», «les acteurs sont bons»!!
C'est incroyable!
On ne parle pas des Boys ou de Bon cup bad cup ici, on parle d'un film qui a un sens justement! Bien sûr ça va être dur! C'est ce qui fait avancer la société, c'est ce qui fait avancer les individus: être confronté.
Je ne pense pas que l'on grandisse en écoutant Nez rouge! Le cinéma est un art qui peut nous faire vivre de grandes émotions, et tellement de pellicule est gaspillée chaque année à nous montrer des conneries stupides macho, sans intérêt ,même vieilles jokes remâchées, même comique de situation grossière, seins à l'air, fesses de Roy Dupuis (qui est un très grand acteur soit dit en passant), violence et sexualité gratuite, comment peut-on être contre un film qui a vraiment une raison d'être sur le plan humain et social?
Est-ce que les gens viennent de découvrir que le cinéma c'est puissant? Lâchez tva pis écouter un peu d'international. L'absurdité de la douleur est partout, lisez de la philosophie, sortez de votre bungalow!!
C'est pas parce que c'est arrivé chez nous que c'est pire. Un être humain qui meurt, femme ou homme c'est une douleur, ça ne se mesure pas, ça ne se compare pas. L'incompréhension et la rage devant des gens qui tuent est la même, qu'ils tuent par misoginie, par haine pure, par folie, par soif de pouvoir, par inconsidération de la vie.
C'est épouvantable de vivre à côté de personnes qui pourraient nous tuer ou tuer des gens qu'on aime. On a dit hier à la télé que le Québec était tranquille avant Polytechnique. On ne faisait rien violemment au Québec. Mais les temps ont changé.
Moi, j'étais toute jeune quand c'est arrivé, c'était traumatisant, incompréhensible. Mais je ne me souviens pas avoir été moins choquée de la guerre en Irak, de la guerre en Palestine, de la famine en Éthiopie. Je ne considère pas, parce que je les aime, que la vie de ma famille ou de mes amis a une plus grande valeur que celle de ceux qui meurent injustement loin d'ici.
Je ne comprends pas cette réaction qui condamne le film et depuis quand ça intéresse le public qui va ou ne va pas voir un film? Ceux qui ont peur de trouver ça trop dur regarde pourtant des explosions aseptisées dans des films hollywoodiens avec des centaines de mort atroces, des brûlés, des empalés, des morts par balles. Et ça, ça ne les écoeure pas.
Et puis il regarde les nouvelles, voient des enfants mutilés, affamés, et ça, on n'en parle pas tant que ça.
jeudi 29 janvier 2009
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C'est plus que pertinent, quelle intelligence, quelle clarté!
RépondreSupprimerCe ne sont certainement pas les promoteurs de tabous qui font avancer la société et qui diminueront la violence ou les abus sexuels d'enfants.
Et la liste est longue de ce qu'il est important de remettre à la face du monde, que ça se passe ici ou ailleurs!